Allo docteurs a consacré son émission du 28 janvier sur le syndrome de l’intestin irritable

Ça faisait longtemps qu’on attendait (je ne sais pas pour vous mais moi, oui!) que la fameuse émission Allo Docteurs de France 5 parle du Syndrome de l’Intestin Irritable. Ils l’ont – enfin- fait, hier, avec comme invité le Pr Stanislas Bruley des Varannes, chef du service d’hépato-gastro-entérologie au CHU de Nantes.

Allo DocteursCe qu’il faut retenir de l’émission:

Le SII touche 10 à 20% de la population (enfants + adultes) et 1/3 des consultations chez le gastro-entérologue concerne ce syndrome.

Ce syndrome peut concerner l’ensemble du tube digestif: de la bouche à l’anus.

Les symptômes sont principalement :

  • un dérèglement du transit (diarrhée, constipation ou alternance des 2),
  • des ballonnements,
  • des excès de gaz,
  • et/ou des douleurs abdominales.

Cette maladie est invalidante et souvent incomprise par les proches.

Même si le stress peut être un facteur aggravant des symptômes, ce syndrome ne doit pas être considéré comme une « maladie imaginaire » mais comme une VRAIE maladie.

Les causes:

On dit que les intestins sont notre deuxième cerveau car il contient autant de neurones  (200 millions) que dans la moelle épinière et que ces neurones contrôlant les contractions des intestins, fonctionnent indépendamment de notre système nerveux central. Le SII serait du à une irritabilité de ce système nerveux intestinal et à un déséquilibre de la flore intestinale.

Les chercheurs ont également mis en évidence une hyper-perméabilité de la barrière intestinale chez les colopathes. Cette perméabilité intestinale laisserait entrer des bactéries, des microbes ou des toxiques alimentaires ce qui altère le fonctionnement des neurones intestinaux et entraîne des symptômes digestifs.

Le diagnostic:

Il est principalement basé sur l’examen clinique du malade par le médecin. Une coloscopie n’est pas systématique.

Les traitements:

Il n’y a pas un traitement universelle mais une approche à adapter à chaque patient avec, selon le Pr Bruley, 3 axes thérapeutiques à suivre dans l’ordre:

  1. Une prise en charge diététique essentiellement en ayant une bonne hygiène de vie et  en limitant la consommation des aliments problématiques. Ainsi, le Pr Bruley dit clairement que certains aliments sont plus susceptibles d’aggraver les symptômes. Il parle des édulcorants (sorbitol, mannitol), du fructose et du lactose – qui sont en fait des FODMAP.
  2. Une approche psycho-sociale avec essentiellement l’hypnose ou l’ostéopathie.
  3. Une approche médicamenteuse : il n’existe pas de médicament spécifique à l’heure actuelle traitant le SII. En ce qui concerne les probiotiques, les résultats des études sont très contradictoires et cela est du principalement au fait que la flore intestinale est très différente d’un individu à l’autre.

NB : la chirurgie n’a aucun intérêt dans le SII.

Le SII et les autres maladies:

  • Il n’y a pas de risques accrus de développer un cancer digestif.
  • Il n’y a pas de lien entre le SII et la sclérose en plaque, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, les calculs à la vésicule biliaire, les AVC, les diverticuloses.
  • Les diabétiques sont plus susceptibles de développer le SII. En effet, la neuropathie qu’induit le diabète peut altérer le fonctionnement du tube digestif (retard de la vidange gastrique, mauvais fonctionnement de l’intestin grêle).

 

Quelques extraits du ch@t avec le Pr Bruley et du directeur de recherches de l’INSERM, Michel Neunlis:

  • Peut-on guérir d’un syndrome de l’intestin irritable ou bien sommes-nous contraint de vivre avec ?

A l’heure actuelle, il semble difficile d’affirmer que l’on peut guérir de cette maladie. Ceci est du principalement au fait que les causes et facteurs responsables de cette maladie restent encore largement inconnus. Ils sont multiples et associent des facteurs environnementaux (stress, alimentation, infectieux) et génétiques. Aussi, des efforts importants mais qu’il faut encore renforcer sont développés pour mieux comprendre les mécanismes de la maladies. Ceci permettra de proposer une approche thérapeutique plus personnalisée, qui est d’ores et déjà entrain de débuter et de porter ses fruits .

  • Qu’en est-il de l’intérêt du régime sans FODMAPs ?

Des études préliminaires ont montré que des régimes sans FODMAPs amélioraient certains symptômes dans certaines formes de SII. Elles doivent encore être confirmées et précisées. Néanmoins, les FODMAPS restent des éléments essentiels à la physiologie et au bon fonctionnement intestinal.

Cliquez ICI pour voir et revoir l’émission.

Cliquez ICI pour avoir accès au ch@t.

Cet article a 9 commentaires

  1. Marie Claude

    Bonjour Julie,
    Sauf si j’ai manqué qq chose, dans l’émission, le fructose, le sorbitol ont été évoqués, mais je n’ai pas l’impression d’avoir entendu parler « du gluten ». Pourtant, beaucoup de colopathes le bannissent. Concernant le fructose, est-ce que cela veut dire qu’il faut supprimer ou diminuer les fruits, le miel… de son alimentation ?

    1. julie

      Bonjour Marie-Claude,

      En effet, ils n’ont pas parlé du gluten. Le blé contient à la fois du gluten, qui est une protéine, et des glucides fermentescibles ou FODMAP (pour comprendre, je vous invite à voir le schéma que j’ai mis sur http://delormenutrition.com/index.php?page=regime-sans-gluten ). On lit souvent sur Internet que le régime sans gluten peut améliorer les symptômes digestifs des colopathes. Dans 90% des cas, cette amélioration est due au fait que ces personnes ont éliminé le blé et ont donc fortement diminué leur consommation en glucides fermentescibles ou FODMAP. Pour les 10% restant : l’amélioration est due en effet à l’éviction du gluten soit parce que certains colopathes avaient en fait la maladie coeliaque (ou vraie intolérance au gluten) sans le savoir, soit parce que qu’ils souffraient en effet d’une hypersensibilité – non coeliaque – au gluten.

      En ce qui concerne le fructose, le Professeur s’est mal exprimé, il aurait du préciser que ce sont les excès de fructose qui peuvent être problématiques. Cela mérite une petite explication. Dans les fruits, vous avez 2 sucres : du fructose et du glucose. Quand les quantités de fructose et de glucose sont équilibrés, nous avons un mécanisme pour absorber le fructose qui fonctionne bien et cela n’est pas problématique. En revanche, quand, dans un aliment, vous avez une quantité de fructose supérieure à celle du glucose (on parle d’excès de fructose), le fructose en excès est mal absorbé chez environ 30% des personnes. Or, c’est cette non-absorption du fructose qui peut être à l’origine de symptômes digestifs typiques du syndrome de l’intestin irritable. Donc pour résumer, il ne faut pas supprimer tous les fruits mais juste limiter la consommation de ceux qui contiennent un excès de fructose.

  2. Mme P. Soillet

    J ‘ai trouvé l’émission globalement intéressante et c’est très bien que l’émission est mis l’accent sur le côté invalidant du syndrôme de l’întetin irritable et sur l’incompréhension de l’entourage!
    Pourquoi en revanche les gastro entérologues ne pratiquent ils pas un diagnostic clinique au lieu de dire c’est le stress afin de mieux cerner le problème et soutenir le patient?

      1. P.Soillet

        Allez vous pouvoir y apporter une réponse? Par avance merci

        1. julie

          Pour l’instant il n’y a pas d’examen précis dont le résultat positif serait le signe incontestable qu’il s’agisse bien du SII.
          Les diagnostics des médecins reposent actuellement sur un examen clinique, l’analyse des antécédents et, si nécessaire, des examens excluant d’autres pathologies.
          Certains médecins pensent qu’il serait bien de faire pratiquer un examen de sensibilité viscérale (en mettant et gonflant un ballon dans le rectum du patient et en déterminant si le seuil de sensibilité est élevé ou bas). Cette méthode est pratiquée dans certaines études sur le SII mais pas – pour l’instant – en tant qu’examen de dépistage du SII. Peut-être qu’à l’avenir il existera d’autres méthodes plus précises (analyse métagénomique de la flore, analyse du taux de sérotonine ou autres…).

  3. de maio

    Bonjour Julie,

    pour mon cas on m’a découvert le diabète de type 2 depuis quelques mois seulement, et je prends pour ce diabète un traitement médicamenteux, depuis 3 mois, et c’est vrai que j’ai de plus en plus de douleurs qu’avant. En plus de la pullulation bactériennes, que l’on me traite encore, et des nombreuses diverticules que l’on vient de me trouver avec la colo !!!! question, je prends du sucre de stévia dans ma cuisine et dans mes boissons chaudes est ce nocif pour le sii ou pas ??? et toutes ces douleurs qui sont plus importantes qu’avant est ce dûes au diabète ou tout confondu !!
    merçi pour votre réponse !!

    1. julie

      Bonjour,

      La stevia ne devrait pas poser de problème.
      En ce qui concerne votre autre question, le diabète et le SII sont 2 pathologies différentes mais, comme dit le Pr Bruley, le diabéte peut favoriser le développement du SII.

  4. de maio

    Bonsoir Julie,

    Est ce que vous pensez que c’est le diabète qui aurait dans mon cas favorisé le développement de la pullulation des bactéries pathogènes dans mon colon ??? Car les deux se seraient développée en simultanée !!! Est ce que celà est possible??
    Ou bien la cause de cette pullulation peut être dûe aussi depuis la fièvre typhoïde d’il y a 30 ans et que la flore n’aurait jamais pu se refaire correctement depuis?? C’est tout des questions que je me pose et que j’aimerais bien un jour comprendre !!! je sais que vous n’êtes pas médeçin mais que peut être vous auriez une réponse à me donner !!!
    Cordialement
    martine

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