You are currently viewing Interview from mind, gut and heart du Dr Jane Muir de Monash University

Interview from mind, gut and heart du Dr Jane Muir de Monash University

Je suis ravie de lancer ce petit tour du monde de spécialistes – que j’adore et que j’admire – en syndrome de l’intestin irritable, nutrition, psychologie ou en cuisine !

Ça fait quelque temps que cette idée me trottait dans la tête.

Mon intention pour ces interviews est de partager avec vous, l’humanité de ces experts tout autant que leur professionnalisme, ainsi que quelques conseils concrets et/ou recettes qu’ils souhaitent nous partager sur la base de leur grande expérience : c’est pourquoi j’ai appelé ces interviews : From mind, gut and heart (qu’on pourrait traduire par « De la tête, des tripes et du cœur »).

Dr Jane Muir est actuellement responsable des sciences de la nutrition translationnelle au département de gastroentérologie de Monash University.

Diététicienne-nutritionniste et docteur en biochimie, elle a plus de 20 années d’expérience dans le domaine de la recherche en nutrition.

Ses recherches portent principalement sur le rôle important des glucides fermentescibles dans la santé gastro-intestinale.

Son objectif principal est d’aider au développement et à la mise en place de régimes thérapeutiques pour traiter et contrôler les troubles gastro-intestinaux liés à l’alimentation.

Avec le gastro-entérologue, le professeur Peter Gibson, elle a été la pionnière du régime révolutionnaire pauvre en FODMAP et a aidé à établir les techniques de laboratoire pour quantifier les FODMAP dans les aliments et de rassembler ces informations dans des tableaux complets de composition des aliments FODMAP.

Ces tableaux de composition des aliments FODMAP sont aujourd’hui la référence internationale dans le traitement des symptômes gastro-intestinaux associés au syndrome de l’intestin irritable (SII)

Nous avons eu le plaisir de nous rencontrer et d’échanger d’abord à Melbourne à Monash University lorsque je suis venue me former plusieurs mois sur le régime pauvre en FODMAP et la nutrition gastro-intestinale en 2011, puis quelques années plus tard, à Prato, en Italie et à Rotterdam, aux Pays-Bas.

Depuis, nous sommes restées en contact et j’ai même pu donner un coup de main pour traduire l’application FODMAP Monash en français.

(l’interview a été traduite de l’anglais en français par mes soins)

Bonjour Jane,

Je suis ravie et honorée que tu aies accepté d’ouvrir le bal pour ce tour du monde From mind, gut and mind interviews

Pour moi, tu es comme le capitaine du bateau de la recherche en nutrition pour le SII et notamment pour les FODMAP au sein de Monash University.

Julie Delorme (JD) : Afin de mieux te connaitre, as-tu un vrai « kiff » personnel ?

Dr Jane Muir (JM) : J’apprécie beaucoup cuisiner et partager des repas avec ma famille et mes amies (et avec un bon vin, c’est encore meilleur !)

JD : Quelles ont été les déclics qui font que tu es aujourd’hui chercheure en nutrition digestive ?

JM : J’ai entrepris mon doctorat en biochimie, dans un domaine lié à la recherche sur le cancer, et j’ai ensuite pris une décision de carrière importante pour me former en nutrition et diététique.
J’ai travaillé comme diététicienne-nutritionniste clinique pendant un certain temps avant de me voir offrir un poste postdoctoral avec le professeur Kerin O’Dea à l’Université Deakin. J’ai tout de suite commencé à travailler dans le domaine de l’amidon résistant (JD : cela correspond à l’amidon qui va être fabriquée par exemple lors du refroidissement d’une pomme de terre ou de riz cuits). Nous étions initialement intéressés par l’étude du rôle potentiel de l’amidon non digéré dans les domaines où les fibres alimentaires se sont révélées bénéfiques, notamment les maladies cardiovasculaires, le diabète non insulinodépendant et les troubles intestinaux. Cependant, avant de commencer les études cliniques diététiques sur les effets physiologiques de l’amidon résistant, il était primordial de pouvoir le quantifier avec précision dans les aliments. Mon premier grand projet a donc été de développer un test in vitro pour le faire. J’ai ensuite mesuré l’amidon résistant dans les aliments et développé des régimes alimentaires (faibles et riches en amidon résistant) pour qu’on puisse étudier l’importance physiologique de l’inclusion d’amidon résistant dans l’alimentation humaine. Nos recherches ont ainsi démontré que l’amidon résistant pourrait avoir un impact bénéfique sur l’environnement du côlon (JD : c’est-à-dire sur le microbiote instestinal).

C’est donc à ce moment là que mon intérêt pour la nutrition et le tractus gastro-intestinal a vraiment commencé.

JD : Y a t il des personnes qui t’ont particulièrement marquée, aidée ou influencée dans ton parcours professionnel et envers qui tu as une profonde gratitude ?

JM : Oui, j’ai eu beaucoup de chance d’avoir un certain nombre de merveilleux mentors. Il convient de noter en particulier, et en relation avec ma carrière de chercheur, le professeur Kerin O’Dea (grâce à qui mon intérêt pour la recherche sur les glucides a vraiment commencé) et ensuite aussi dans le domaine de la gastro-entérologie où je me suis concentrée sur le rôle des fibres alimentaires (à chaîne longue et chaîne courte) dans le tractus gastro-intestinal.
À ce stade de ma carrière, j’ai eu la chance de travailler auprès des gastro-entérologues, le professeur Graeme Young et, bien sûr, le professeur Peter Gibson.

JD : Qu’est-ce que tu préfères dans ton travail?

JM : Pouvoir partager les résultats de nos recherches avec les patients. J’ai également apprécié l’impact positif que nos recherches ont eu sur les symptômes digestifs et la qualité de vie des patients qui souffrent du syndrome de l’intestin irritable dans le monde entier.

JD : Qu’est ce que tu n’aimes pas dans ton travail ?

JM : Ne pas avoir assez de temps pour tout faire et devoir choisir où mettre mon énergie, mon temps et mes ressources.

JD : La méthode FODMAP a plusieurs années maintenant. Son efficacité pour réduire les symptomes du syndrome de l’intestin irritable est clairement établie. De ce fait, la méthode FODMAP est un des premiers traitement du SII et est de plus en plus conseillée par les Médecins gastro-entérologues et généralistes, et, de plus en plus connue et appliquée par les colopathes dans le monde entier.

Il y a de grandes differences entre la théorie et la pratique, surtout concernant l’alimentation des êtres humains et le syndrome de l’intestin irritable.

Qu’est ce que ta grande experience dans la recherche dans les FODMAPs t’a apprise?

JM : Je pense que l’expérience dans les FODMAP a montré l’importance d’une recherche nutritionnelle de qualité. Il est important qu’il y ait de bonnes preuves scientifiques derrière les recommandations à nos patients. Il est également essentiel que les professionnels de la santé (y compris les gastro-entérologues et les diététiciens) travaillent ensemble pour obtenir les meilleurs résultats pour leurs patients.

JD : Selon toi, quelles sont les plus grosses erreurs faites au sujet des FODMAP?

JM : Selon moi, les plus grosses erreurs sont les patients qui s’auto-diagnostiquent, ceux qui se gèrent tout seuls et qui ne consultent pas de professionnels de la santé ou de diététiciens formés dans ce domaine.
Une autre erreur répandue est que les patients ne savent pas que la phase stricte du régime FODMAP n’est pas à suivre sur le long terme. Ainsi, le régime pauvre en FODMAP est la courte première phase  d’une méthode en 3 étapes.

JD: As-tu un conseil a donné à une personne Souffrant du SII et souhaitant commencer un régime pauvre en FODMAP?

JM : Je conseille de consulter un diététicien formé dans ce domaine.  Vous pouvez d’ailleurs trouver une liste des diététiciens formés par Monash dans notre annuaire (voir https://www.monashfodmap.com/online-training/fodmap-dietitians-directory/ ) et vous pouvez utiliser l’appli FODMAP de Monash University.

JD : Y a t il d’autres projets de recherche dont tu souhaites parler ?

JM : Nous explorons l’utilisation du régime pauvre en FODMAP dans d’autres domaines. Nos recherches (dont nous avons publié les résultats) démontrent par exemple que le régime pauvre en FODMAP peut fournir un traitement utile à court terme chez les nourrissons allaités souffrant de coliques. Nous avons ainsi constaté que l’administration d’un régime pauvre en FODMAP aux mères allaitantes réduisait le temps de pleurs et l’irritabilité de leur nourrisson (reference  : Iacovou M et al. Aliment Pharmacol Ther. 2018;48:1061-1073.)

JD : Penses-tu qu’en 2022, nous connaissons pratiquement tout sur les FODMAPs ou que nous avons encore de nouvelles choses à découvrir? 

JM : Il y a encore beaucoup à apprendre. L’analyse des aliments pour la teneur en FODMAP est continue. Nous aimerions comprendre si certains édulcorants hypocaloriques sont bien tolérés par les personnes atteintes du SII. Il y a une certaine controverse dans ce domaine, donc des études bien conçues seraient formidables.

JD : Quelle est ta recette pauvre en FODMAP préférée ?

JM : Ma recette préférée pauvre en FODMAP est la frittata de patate douce et de feta. Voir la recette en anglais ici : https://www.monashfodmap.com/recipe/sweet-potato-and-feta-frittata/  ou ci-dessous, traduite en français (par JD).

JD : Merci beaucoup Jane pour ton travail et pour ce précieux partage. J’espère qu’on pourra bientôt se revoir en Australie, en France ou ailleurs.

Cher internaute, j’espère que cette interview vous a plu. Merci de liker, partager si vous avez aimé.

Merci également de m’envoyer des messages si vous avez des suggestions d’experts à interviewer et/ou de questions à poser.

Frittata de patate douce et de fêta

Photo issue du site MonashFODMAP

Ingrédients :

  • 6 œufs
  • 125g de lait sans lactose
  • 100g de fêta
  • 120g de patate douce hachée
  • 65g de courgette râpée
  • 30g d’épinards frais
  • Paprika (ou épice au choix)
  • Romarin (ou herbe au choix)

Préparation :

  • Préchauffer le four à 180°C et tapisser de papier sulfurisé un moule de 20 cm.
  • Ajouter la patate douce hachée dans un bol allant au micro-ondes.
  • Cuire au micro-ondes pendant 1 à 2 minutes jusqu’à ce qu’elle soit légèrement ramollie.
  • Ajouter la patate douce, la feta, la courgette et les épinards dans le plat préparé.
  • Fouetter ensemble les œufs, le lait, le paprika et le romarin et verser dans la casserole sur le mélange de légumes.
  • Cuire au four pendant 45 minutes.

Laisser un commentaire